En tant qu'affect, la peur crée de l'instabilité et engendre des risques économiques. Elle perturbe le calcul rationnel de l'homo oeconomicus comme le montre l'économie comportementale qui intègre à l'analyse économique des connaissances issues de la psychologie, des sciences cognitives et des neurosciences. Elle montre l'importance des biais cognitifs dans les jugements et explique ainsi les déviations des choix individuels par rapport à la théorie standard. En tant qu'indicateur de confiance, la peur se mesure. Des indices permettent de mesurer la confiance en l'avenir des ménages, des entreprises ou encore des marchés financiers qui permettent de s'assurer contre les risques; Dans le domaine social les enquêtes de victimisation permettent de mettre en lumière l'insécurité d'une part et le sentiment d'insécurité d'autre part. Exacerbée par les médias, l'insécurité fait peur. La peur est alors un moteur ou un frein à l'action, capable de déclencher des prophéties auto-réalisatrices.
Face aux risques, deux principes se complètent: le principe de précaution et l'assurance. La crise des subprimes a mis en évidence la nécessité du premier, et les marchés financiers ont largement développé le second grâce aux produits dérivés. Dans le domaine social c'est l'Etat Providence qui est aux manettes grâce aux mécanismes assistanciels et assuranciels. Mais cela n'évacue pas pour autant la peur du déclassement.
Enfin, face à la société du risque qui s'est développée, se met alors en place un marché de la peur. La peur est exploitée commercialement de l'autoenfermement résidentiel au marketing de la peur, syndrome de l'anxiété sociale qui traverse nos sociétés.